2016, le jour d’après, l’année d’avant

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Les régionales sont passées par là et ont clos un cycle électoral. Les 6 à 6,8 millions de voix du FN rendent caduque l’analyse réductrice de la simple capacité de Marine le Pen à mobiliser son électorat : elle étend, développe et enracine celui-ci. Pire : la projection du résultat sur le taux de participation de la présidentielle ouvre la voie à un nouveau franchissement de seuil. Enfin, les dynamiques de deuxième tour observées aux régionales là où les candidatures FN étaient crédibilisées par les scores de premier tour attestent que le plafond de verre du scrutin majoritaire est prêt à voler en éclat..

La droite n’est pas en état de mettre un terme à cette avancée. Elle sort défaite des régionales, prise idéologiquement en étau entre la droitisation du PS et son alignement sur le FN. Ses désaccords idéologiques et donc stratégiques rendent inévitables une double candidature en son sein à la présidentielle.

L’autre leçon des régionales, c’est que le PS semble avoir résisté. Mais ce qui lui confère son inertie n’est pas tant ce qu’il véhicule que la valeur refuge qu’il occupe toujours au sein du signifiant « gauche ». Là encore, les dynamiques de second tour après les réflexes de vote utile du premier attestent que « la gauche » en tant qu’idée et cadre reste un élément structurant de positionnement pour une large part du corps électoral. Plus que le PS, plus que le rassemblement, c’est donc l’idée même de gauche qui s’est imposée lors des régionales même si elle reste orpheline d’une incarnation qui lui permettrait de dépasser ce qu’elle est pour désormais fédérer le peuple et le mettre en mouvement.

Manuels Valls et ses affidés croquemorts du PS et de la gauche ont vu le danger et se sont empressés dès avant le scrutin de pousser des constructions de gouvernance qui reposeraient sur un consensus vidé de toute substance. Ce sont eux qui ont imposé dans deux régions (et a cherché à le faire dans une troisième) la disparition de la gauche du second tour des régionales. Auparavant, ils avaient avancé leurs pions pour mettre sur la table une fusion des listes PS et LR au second tour pour « barrer la route » au FN. Des exécutifs dits « d’ouverture » ont même été promus dans les régions et se matérialisent bel et bien déjà dans les nouveaux territoires issus de la réforme territoriale qui se mettent en place en ce début d’année, métropoles, établissements publics de territoires ou nouvelles intercommunalités : là le PS et même parfois le PCF prennent des vice-présidences sous direction de droite, ailleurs c’est la droite qui est récompensée sous couvert de collégialité.

2016 ne peut être l’année de la confusion et des renoncements sauf à ce que 2017 soit l’année de la grande déflagration. Droite et gauche ne peuvent feindre le mariage dit de raison sauf à préférer un placebo à la recherche d’un remède à même d’endiguer la percée de l’extrême-droite. Le scrutin de 2017 change donc de nature pour la gauche : le temps de la simple compétition électorale est révolu et doit laisser la place à celui de la dispute politique. Les positionnements des uns et des autres devront être clarifiés à cet effet. Mais les engagements locaux qui se dessinent dès cette rentrée donneront à voir aux citoyen-ne-s la nature des issues à venir. Face à la confusion et au ralliement au consensus au centre anesthésiant, la gauche de sens, de combat et de fierté devra plus que jamais trouver à s’incarner.