Mémoire de la déportation pour bâtir l'avenir

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J'ai toujours donné de l'importance au travail de mémoire. Un peuple qui sait d'où il vient peut mieux décider où il va. C'est pour cela que, parmi les élus de la Communauté d'agglomération Les Lacs de l'Essonne, nous accordons une vraie place aux commémorations. Il ne s'agit pas, pour nous, de juste se rappeler, mais d'utiliser le passé pour éclairer l'avenir. Dimanche 29 avril à 11 heures, nous serons donc au rendez-vous de la journée de la mémoire de la déportation dans les camps de concentration et d'exterminations nazis, devant l'hôtel de ville de Viry-Chatillon et parc Piketty, devant le monument aux morts de Grigny.

Cette année, pourtant, il me semble que cette journée revêt une importance plus particulière encore que les années passées. Je m'explique. Nous sommes encore en campagne électorale. Ce moment que nous, élus locaux, apprécions comme temps particulier d'éducation populaire, puisque le débat a lieu en grand, a été propice à bien des dérapages. Dont un a trait à la déportation. A l'issue d'un meeting, un homme politique a jugé utile de citer, pour le «réhabiliter», Robert Brasillach. Ce Brasillach n'est pas n'importe qui. Engagé dans la collaboration avec l'occupant nazi, il a animé la feuille raciste et antisémite Je suis partout. C'est à ce titre qu'il a réclamé la déportation des enfants nés de parents juifs. Vous comprendrez que cette volonté marquée de remettre en lumière un collaborateur pousse au crime me laisse un goût plus qu'amer dans la bouche.

Il faut se rappeler que ce sont des policiers français qui, sur les ordres du maréchal Pétain, ont procédé aux rafles de Français de confession juive connues sous le nom de «rafles du vél' d'hiv» les 16 et 17 juillet 1942. A l'issue de cet acte barbare, plus de 13 000 de nos concitoyens seront déportés en Allemagne. C'est le même Philippe Pétain, chef du pseudo «Etat français», qui a non seulement collaboré mais tenté de mettre à bas l'esprit du Front populaire. Ce promoteur du «vrai travail» a voulu soutirer à la classe ouvrière en lutte sa fête, le 1er Mai. Bien que journée internationale des travailleurs, le 1er Mai a, en France, un sens particulier. Il commémore aussi le massacre de Fourmies, dans le Nord, le 1er mai 1891. Ce jour-là, la troupe a tiré sur la foule des grévistes, tuant 9 personnes et en blessant 35 autres.

Il est sain de se rappeler ces épisodes de notre histoire parce qu'ils permettent de donner du sens à notre pacte républicain. Il ne s'agit pas d'une fascination morbide pour la période la plus sombre de l'histoire de notre pays mais bien d'un travail nécessaire pour éclairer notre avenir à l'heure des choix.